SELWYN BIRCHWOOD: Don’t Call No Ambulance (2014)

Ce bon petit gars est natif d’Orlando en Floride, état bien connu pour son patrimoine musical. En 2013, il remporte le challenge international de blues à Memphis. Bruce Iglauer, président d’Alligator Records, est membre du jury et il signe aussitôt notre Selwyn qui passe du statut de héros local à celui de star montante du blues. Dans la foulée, il empochera également le Albert King Guitarist Of The Year Award. Bravo ! Mais qu’en est-il de l’album ?

« Addicted », un blues groovy avec section de cuivres, nous fait entrevoir BB King serrant la paluche à James Brown. En prime, nous avons droit à une belle démonstration de guitare dans le style de Buddy Guy. « Don’t Call No Ambulance », un jump blues à la George Thorogood, cartonne bien. Le solo, joué en picking avec onglet, est étonnant de simplicité et d’efficacité.

Joe Louis Walker vient gratter de la slide avec talent sur « The River Turned Red », un rock blues teinté d’une pointe de soul.

« Love Me Again », un slow jazzy mélodique, vous aidera en fin de soirée soit à conclure avec la nana de vos rêves, soit à terminer votre bouteille de whisky préféré. A vous de choisir. Il flotte sur ce morceau un parfum d’Allman Brothers Band, sans doute à cause du solo bourré de feeling qui évoque Dickey Betts et qui vous tirera des larmes. Sans hésitation, c’est le meilleur titre du disque. L’intro de batterie de « Tell Me Why » rappelle celle de « I’ve Seen Enough » de Lynyrd Skynyrd. Puis, la chanson s’oriente vers un rock blues syncopé avec un solo expert de lap steel guitar. « Overworked And Underpaid », un swamp blues hyper traditionnel (n’oublions pas que notre homme vient de Floride) avec harmonica et lap steel, nous emmène sur les bords du bayou.

Elvin Bishop n’aurait pas renié le superbe et mélodique «She Loves Me Not », mélange de soul et de Motown, et son super solo de gratte. Southern soul made in Florida ! Allez, je me contredis : c’est le deuxième meilleur morceau de l’album. Et puis, il faut s’attarder sur « Brown Paper Bag », un blues lent nappé d’un fond d’orgue aérien. Le son de guitare et le solo débordant de feeling et de « blue notes » nous offrent un mix entre Billy Gibbons sur « Blue Jean Blues » et Stevie Ray Vaughan sur « Texas Flood ». Du grand art ! Tiens, je reviens sur ma position : c’est le troisième meilleur morceau de cette galette trépidante.

N’oublions pas le syncopé « Hoodoo Stew » (rappelant « I Can’t Be Satisfied » interprété par Doctor Feelgood) qui sert de prétexte à un solo de slide acrobatique.

Enfin une vraie nouveauté dans le monde du blues ! Une excellente production avec trois super titres. A eux seuls, « Love Me Again », « She Loves Me Not » et « Brown Paper Bag » méritent le détour. Un bon début pour le gars Selwyn qui maîtrise parfaitement son instrument et dont la voix est taillée sur mesure pour le blues et la soul. Et encore une preuve que la Floride reste le berceau d’innombrables talents.

There’s a gator in the bushes, he’s calling my name !

Olivier Aubry